LE MANOIR DE
PHILIPPE-AUGUSTE
 

   En 1178, un acte du roi Louis VII mentionne qu'il a été signé par ce souverain  en sa résidence de Vincennes : "apus vicenas". Mais nous n'en savons pas plus sur ce logis.

   Par contre, la tradition -qui attribuait à Philippe-Auguste la création d'un premier manoir à Vincennes- a été confirmée par la longue campagne de fouilles conduite dans les années 90, campagne qui a mis à jour d'importants vestiges. Pour l'essentiel, les constatations faites recoupent parfaitement les plans dressés par l'architecte Le Vau, en 1654, en prévision de la construction des pavillons du roi et de la reine.
 
 

Ci-dessous: état du chantier des fouilles archéologiques en 1997

 
 
Ci-contre : 

Au premier plan : les fondations retrouvées lors des fouilles des années 90. 
Au second plan : chêne symbolique, planté de nos jours et évoquant celui sous lequel Saint-Louis aimait à rendre la justice, selon son historiographe, le sire de Joinville, qui écrivit : "Chacun pouvait l'approcher sans empêchement d'huissiers ou autres". 

   Les fondations mises à jour par les fouilles comportent notamment le débouché de l'aqueduc qui amenait l'eau au manoir. 
 

   Ce manoir se situerait aujourd'hui dans le quart N.E. de la grande enceinte qui sera ultérieurement bâtie par Charles V. C'était un vaste carré de 70 m de côté. Trois ailes latérales entouraient une cour centrale; la quatrième fut ajoutée plus tard. A chacun des angles N.O. et S.O., s'élevait une tour circulaire. Deux autres tours, semi-circulaires, encadraient l'entrée aménagée au milieu de la face Ouest. C'est peut-être Saint-Louis qui, ultérieurement, aurait fait aménager la grande "Salle d'assemblée", construction à double étage, longue de 25 m et large de 9m. On lui attribue aussi l'édification, à l'angle S.E. de l'enceinte, d'un donjon carré, large d'une dizaine de mètres, . 
  Dés le 14ème siècle, une partie importante du manoir est attribuée aux "chambres". Cette expression ne désigne pas seulement, comme de nos jours, une pièce réservée au repos, mais un vaste espace où l'on peut aussi recevoir, se restaurer ou encore travailler.  Ces pièces sont réservées aux membres de la famille royale ou aux proches du souverain. 

Ci-contre : esquisse du manoir tel qu'il était probablement à l'époque de Saint-Louis. 
En haut et à droite : le donjon 
Immédiatement à la gauche de celui-ci : la chapelle Saint-Martin (V. le chapitre consacré à la Sainte-Chapelle). 

   Il faut pouvoir héberger, notamment quand le roi est présent, un nombre considérable de personnes de statuts très divers. Ces occupants logent dans les nombreuses constructions élevées au fil du temps, à l'extérieur de l'enceinte du manoir ou, encore, sur ses cours. 

   C'est ainsi que, par exemple, les membres de la cour des comptes bénéficient d'un logis spécialement bâti à leur intention. 

   Mais il faut aussi abriter et nourrir les différents services domestiques qui accompagnent les souverains dans leurs pérégrinations. Ils constituent ce que l'on nomme : 

 
 
 
L'hôtel du roi

   En 1261, une ordonnance royale datée de Vincennes, fixe les six "métiers" de l'hôtel du roi: la Paneterie, l'Echansonnerie, la Cuisine, la Fruiterie, l'Ecurie et la Fourrière. 
 

   I -  La Paneterie fabrique le pain. 
   2 - L'Echansonnerie se charge des boissons (vin et eau) mais aussi de la vaisselle. 
   3 - La Cuisine confectionne les repas du roi, de sa famille, de ses collaborateurs... y compris les membres de l'hôtel qui sont nourris gratuitement. 
  4  - La Fruiterie s'occupe bien entendu des fruits... mais aussi de l'éclairage!  Tout simplement parce que les arbres fruitiers des vergers des châteaux nourrissent les abeilles  qui élaborent la cire des luminaires. 
   5 - La fourrière a en charge le mobilier royal qui suit le souverain dans ses déplacement. 
   6 - L'Ecurie détient la responsablité des chevaux et autres animaux de monte ou de trait ainsi que des véhicules. Elle nécessite, à elle seule, une centaine de personnes.
   Au fil des siècles, l'hôtel du roi incorpore d'autres services royaux  qui ne figurent pas dans les "six métiers". Ces services sont parfois les ancêtres de certains de nos actuels ministères. Cest le le cas de la chancellerie qui, de nos jours, désigne encore  le Ministère de la Justice. Car, autrefois le chancelier était chargé de mettre par écrit les décisions royales et de les authentifier par sa signature. A l'origine il était logiquement choisi parmi les clercs de la chapelle royale, personnes qui, de par leur formation, étaient capables de parfaitement comprendre des textes ou de les rédiger. 

   Progressivement, l'instruction se développant, le chancelier est, de plus en plus souvent, un laïc. Il est nommé à vie. Mais, s'il tombe en disgrâce, sa tâche est exercée par un garde des Sceaux. Et, actuellement, ce dernier titre désigne encore, en France, le Ministre de la Justice.

 

   Tous les bâtiments du manoir ont aujourd'hui disparu, mais ils figurent encore sur des gravures du XVIIème siècle (V. celle de Brissard au premier chapitre).

   Le manoir disposait de puits, indispensables en cas de siège. Mais, pour lui assurer une fourniture d'eau habituelle plus satisfaisante , dès le 13ème siècle, on lui amène, au moyen de conduites, celles du "ru de Montreuil" dont nous savons déjà qu'elles désaltéraient les animaux de la réserve de chasse. Et on en profite, au passage, pour récupèrer la production du "ru orgueilleux" qui, lui, descend des hauteurs de Belleville.
 
 

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