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Dès l'an 1037, une charte du troisième souverain Capétien, Henri 1er , nous apprend indirectement que le Bois de Vincennes appartient déjà à la couronne (peut-être partiellement seulement?).
Philippe-Auguste (1180-1223) y fait bâtir un premier manoir que ses sucesseurs complèteront et où ils résideront fréquemment.
Au début de la guerre de Cent Ans, les Valois entreprennent l'édification d'un énorme donjon, à côté du manoir. Il disposera, en propre, d'une puissante enceinte de protection rapprochée ("la chemise"). Charles V (1364-1380) achèvera le chantier en ceinturant le tout par une gigantesque muraille rectangulaire de mil mètres de long, renforcée par de très hautes tours et de larges et profondes douves pouvant, au besoin, être remplies d'eau.
Charles
V résidera fréquemment à Vincennes où il était
d'ailleurs né : il s'y sentira plus en sécurité que
dans la capitale. En effet, a il toujours conservé un horrible souvenir
du massacre de deux de ses principaux conseillers, les maréchaux
de Champagne et de Normandie, alors qu'ils se tenaient près de lui
dans ses appartements du Palais de la Cité, à Paris.
Plus tard, lorsque
que l'empereur d'Allemagne Charles IV, l'oncle de Charles V, viendra à
Paris, il sera d'abord hébergé au Palais de la Cité.
Mais assez rapidement, Charles V, préfèrera emmener son oncle à Vincennes...
En 1380, le jeune Charles VI succède à son père. Comme lui, il réside habituellement à Vincennes. Hélas! La Guerre de Cent Ans a repris son cours et, profitant d'un conflit qui oppose les princes du sang français, les anglais s'emparent de Paris. En 1420, le traité de Troyes livre la France au roi d'Angleterre, Henri V, qui s'installe à Vincennes où il mourra. Son fils Henri VI, sacré roi de France, l'y remplacera en 1431.
Ce n'est que cinq plus tard que les troupes de Charles VII (le petit fils de Charles V) reprendront Paris et Vincennes. Son successeur, Louis XI fréquentera le donjon.
Mais les souverains du début de la Renaissance préfèreront séjourner dans leurs nouvelles résidences du Val de Loire.
Charles IX retrouvera le chemin de la forteresse médiévale et y mourra: ses derniers instants seront hantés par les affreux souvenirs qu'il a gardés des massacres de la Saint-Barthélémy.
Au 17ème siècle, la régente Marie de Médécis fait commencer le "Pavillon du Roi" sur la partie de la grande enceinte de Charles V située au sud du donjon. Elle y demeurera avec son fils, le jeune Louis XIII. En 1658, Mazarin achève la construction et fait élever, symétriquement, le "Pavillon de la Reine". En 1660, au retour de leur mariage, Louis XIV et Marie-Thérèse séjournent dans la nouvelle bâtisse magnifiquement décorée par le célèbre peintre Philippe de Champaigne...
Puis le souverain
charge l'architecte Le Vau d'achever les transformations déjà
entreprise sur toute la moitié sud du château médiéval
qui deviendra alors un bel ensemble de style classique. La tour du
Bois sera partiellement arasée et transformée en une monumentale
porte d'entrée, en forme d'arc de triomphe. Les deux pans de la
grande enceinte de Charles V qui l'encadraient seront également
mis au goût du jour et métamorphosés en une élégante
arcade. Enfin, une seconde arcade, assortie à la première,
viendra compléter le tout et délimitera la nouvelle zone
ainsi aménagée, mais sans pour autant masquer la partie médiévale
subsistant dans la moitié "nord".
Mais, finalement il optera pour Versailles où son père avait déjà fait élever un petit château.
Quant au
donjon, il deviendra une prison pour de grands personnages (notamment lors
de La Fronde). On y retrouvera, entre autres et au gré des temps,
le cardinal de Retz, Condé, de Longueville, le marquis de Sade,
Fouquet, Latude, Diderot ainsi que Mirabeau...
Et ce dernier aura tout le
loisir d'y un écrire un pamphlet contre ... les lettres de cachet
!!!
En 1738,
des ouvriers qui avaient antérieurement travaillé à
la manufacture de porcelaine de Chantilly fondent leur propre entreprise
et obtiennent l'autorisation de s'établir dans le château.
C'est d'autant plus une réussite... que leurs ateliers bénéficient
de la toute puissante protection de la marquise de Pompadour. Alors, moins
de vingt ans plus tard, ils s'installent à Sèvres... On connaît
la suite.
Ci-contre : colonne commémorative élevée dans les fossés du château, près de la Tour de la Reine.
En 1804, Napoléon Bonaparte, Premier Consul, accuse le duc d'Enghien de comploter contre lui. Il le fait enlever (tout à fait illégalement) d'Allemagne où il réside et transférer à Vincennes le 20 mars. Réveillé au début de la nuit suivante, le duc comparaît aussitôt devant un tribunal militaire qui, au bout d'une heure, le condamne à mort. Il est alors immédiatement conduit dans les fossés du vieux château-fort et placé devant une fosse préalablement creusée pour recevoir sa dépouille , près de la Tour de la Reine. Et, là, on le fusille . Plus tard on élèvera une colonne commémorative sur l'emplacement du supplice. Sous la Restauration, Louis XVIII fera exhumer le corps qui reposera désormais dans la Sainte-Chapelle bâtie au 16ème .
Pour obtenir plus d'informations sur les circonstances de l'exécution du duc d'Enghien, il vous suffit de cliquer sur la photo de la colonne commémorative
Sous Napoléon 1er, le château redevient un établissement militaire
Il abrite dès lors un important arsenal. Toutes les tours, sauf celle du Village, sont arasées au niveau de l'enceinte et deviennent des plate-formes d'artillerie. Créneaux et mâchicoulis disparaissent.
En 1814, Paris doit se rendre aux alliés. Ceux-ci somment alors le général Daumesnil, gouverneur de Vincennes, de leur remettre la forteresse. Or ce valeureux militaire, amputé après la bataille de Wagram, porte une jambe de bois. Et ses interlocuteurs n'obtiennent pour toute réponse que : "Je rendrai Vincennes quand on me rendra ma jambe!". En 1830, l'intraitable vétéran éconduit tout aussi énergiquement les révolutionnaires: "Je me fais sauter avec le château et nous nous rencontrerons en l'air !!!"Daumesnil restera en poste jusqu'en 1832, date à laquelle il sera enlevé par la grande épidémie de choléra.
Sous le règne
de Louis-Philippe, Thiers entreprend de protéger Paris en faisant
élever une enceinte fortifiée, aujourd'hui disparue. Elle
se situerait de nos jours entre les deux périphériques, l'extérieur
et l'intérieur (ce dernier étant encore appelé boulevard
des maréchaux). L'enceinte était elle-même défendue
par une double rangée de forts dont certains subsistent encore actuellement,
tel celui du Mont-Valérien. Le château de Vincennes devient
alors l'un de ces forts. A l'intérieur, ses vieilles murailles sont
renforcées par d'épaisses casemates. A l'extérieur,
on élève des glacis de terre. Ceux-ci on été
détruits depuis.
En 1939, la vieille forteresse héberge le Grand Quartier Générale des armées françaises.
Et c'est
donc en sa qualité d'établissement militaire que Vincennes
est occupé dès 1940 par l'armée allemande. Celle-ci,
avant de se replier, le 24 août 1944, y fusillera 26 résistants
et fera sauter une partie du rempart et du pavillon du Roi. Quant à
celui de la Reine, il sera incendié.
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